Auteur
Emeline S.
Date
Nov 10, 2025
Thématique
Ambition
Réseaux

Portrait de Nathalie : Se réinventer après 50 ans

Pendant plus de quinze ans, Nathalie a suivi son mari militaire à travers la France, en portant presque seule le quotidien familial. Trois enfants, des déménagements tous les 3–4 ans, une vie où l’on doit sans cesse recommencer.
Mais à 45 ans, quand son mari part à la retraite et que les enfants quittent le nid, quelque chose s’ouvre.
Et à 53 ans, elle ose enfin.
Cette histoire, c’est celle d’une femme qui, après s’être longtemps consacrée aux autres, décide de se consacrer à elle — en devenant artisane du cuir.

Vivre en mouvement : la première vie de Nathalie

Nathalie naît en Bourgogne, mais c’est en Baie de Somme qu’elle construit sa vie de famille.
Pendant plus de douze ans, elle met sa carrière entre parenthèses pour élever ses trois enfants, souvent seule :
son mari est militaire, les déplacements fréquents, les déménagements réguliers.

Cette vie nomade la transforme.
D’une femme très sociable, elle devient plus réservée, plus adaptable, presque dans l’effacement.
Pour elle, ce n’était pas un sacrifice :

« Je me suis éclatée avec mes enfants. Je ne me suis pas sentie pénalisée, j’ai aimé cette vie. »

Mais au fond, quelque chose sommeille.

Le retour au travail : une deuxième vie

Quand son dernier enfant entre à l’école, Nathalie reprend une activité professionnelle.
Elle travaille dans l’administratif, puis dans les écoles, puis change de poste au gré des villes où la famille s’installe.

Ces expériences la reconnectent à une vie sociale plus riche.
Elle redécouvre qui elle est, ce qu’elle aime, ce dont elle est capable.

« Ça m’a permis de remettre le pieds à l’étrier. »

Mais à 45 ans, lorsque son mari prend sa retraite et que le couple s’installe dans un petit village de Baie de Somme, une nouvelle réflexion commence.
Les enfants ne sont plus là.
Le rythme change.
Il est temps de se retrouver.

Le déclic : oser créer quelque chose à soi

Nathalie a toujours travaillé de ses mains.
Son père était menuisier, ses frères artisans, et du côté de sa mère, l’inventivité coulait comme une évidence.

Un jour, chez elle, elle ouvre une bibliothèque… et tombe sur une boîte qu’elle avait fabriquée il y a longtemps.
Un simple coffret en tissu.
Et tout commence là.

« Je ne sais pas pourquoi… un déclic. Je prends la boîte, je la pose et je dis : voilà ce que je peux faire. »

Sa fille l’encourage.
Toute la famille la soutient.
Elle se lance, sans rien connaître de l’entrepreneuriat, du commerce ou du marketing.

Elle apprend, elle teste, elle ose.

De la boîte en tissu… au cuir : un pivot inattendu

Les débuts sont lents — puis arrive le Covid.
Mais les clientes sont là, et leur retour est clair :
les coffrets en tissu ont leurs limites.

Nathalie écoute, observe, s’adapte.
Elle pivote vers une nouvelle matière : le cuir.

Sans aucune connaissance, elle apprend tout :
chez un cordonnier, auprès de fournisseurs, en s’approvisionnant en cuirs récupérés de grandes maisons.

Le recyclage devient une valeur forte de son travail.

Avec sa fille, elle développe l’entreprise pendant deux ans.
Puis sa fille repart sur ses propres projets, et Nathalie recrée seule une seconde entreprise.

Entrepreneure après 50 ans : apprendre tout, repartir de zéro

Créer une société seule n’est pas simple :
choisir le statut, comprendre la compta, chercher un financement, s’équiper, structurer une offre, se positionner…

Nathalie passe par le BGE Picardie, se forme, se trompe, recommence.
Son comptable devient un allié précieux — un ami.
Elle rejoint l’association locale Réussir Ensemble, qui lui apporte du soutien, des conseils, une communauté.

« Quand on crée, on est très seul. Une association, ça change tout. »

Puis il y a le moment où il faut oser demander un prêt.
Le banquier, passionné de cuir, lui dit oui immédiatement.
Un signe.

Ce que cette reconversion a changé en elle

À 53 ans, Nathalie devient artisane du cuir.
Et elle retrouve quelque chose qu’elle croyait perdu.

« J’ai retrouvé mon moi d’avant. Alignée, heureuse, passionnée. »

Son entreprise l’épanouit.
Elle retrouve son énergie, son dynamisme, sa créativité.
Son couple aussi se transforme : son mari, qu’elle a suivi durant des années, la suit désormais sur les salons.

Elle lutte longtemps contre le syndrome de l’imposteur, surtout pour fixer ses tarifs.
Elle apprend à reconnaître la valeur de son travail, à tenir ses prix, à se respecter.

« C’est jamais trop tard. J’ai fait tard, mais j’ai fait. »

Le message qu’elle veut transmettre aux femmes

Nathalie souhaite parler à toutes celles qui hésitent encore :

  • à celles qui pensent qu’il est trop tard,
  • à celles qui ont mis leur vie de côté pour leur famille,
  • à celles qui doutent de leur légitimité,
  • à celles qui ont peur de se lancer.

Son message est simple :

« Osez. Qui ne tente rien n’a rien. On se découvre en avançant. »
« Croyez en vous. Ne vous dévaluez pas. Tenez vos tarifs. Vous avez de la valeur. »

Et maintenant ? La transmission

À 60 ans, Nathalie pense à la suite.
Elle transmet déjà son savoir, notamment à une jeune stagiaire d’un lycée des arts.

Elle espère un jour transmettre son entreprise, peut-être la vendre, peut-être la voir continuer à vivre à travers les mains d’une autre.

Une chose est sûre :
ce qu’elle a construit, elle l’a fait par passion, par courage, et par envie de se révéler.

***

L’histoire de Nathalie est l’histoire d’un recommencement.
Une preuve que la vie offre plusieurs chapitres, et que certains des plus beaux commencent après 50 ans.

Elle nous rappelle que :

  • rien n’est jamais figé,
  • l’on peut se réinventer à tout moment,
  • créer quelque chose de ses mains, de son histoire et de sa volonté est un acte profond de liberté.

C’est ça, MoveHer.
Des trajectoires, des femmes, des renaissances.
Des vies réécrites, une étape après l’autre.

Découvrez Evocbyou, l'entreprise de Nathalie.

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